openGlobalRights-openpage

Améliorer et développer les efforts de sensibilisation sur le terrain: les tâches clés pour le nouveau Haut-commissaire

ryc_8.jpg

La défense des droits de l'homme sur le terrain est un outil puissant, constamment sous-estimé par les responsables de l'ONU. Le nouveau Haut Commissaire doit renforcer le rôle de son Bureau sur le terrain, mais il ne peut pas être le seul «méchant flic». D'autres organismes des Nations Unies sur le terrain doivent défendre les droits de l'homme. English


Liam Mahony
27 August 2014

Le nouveau Haut-commissaire aux droits de l'homme doit redynamiser le travail de sensibilisation des Nations Unies (ONU) sur le terrain pour protéger les civils et d'autres personnes dont les droits sont menacés. Cela inclut le travail de son Bureau (HCDH) ainsi que les spécialistes des droits de l'homme de l'ONU. Mais il faut aussi que le système des Nations Unies prenne ses responsabilités afin que ses nombreuses composantes remplissent leurs obligations de défendre les droits de l'homme.

Le nouveau Haut-commissaire aux droits de l'homme doit redynamiser le travail de sensibilisation des Nations Unies (ONU) sur le terrain pour protéger les civils et d'autres personnes dont les droits sont menacés. Cela inclut le travail de son Bureau (HCDH) ainsi que les spécialistes des droits de l'homme de l'ONU. Mais il faut aussi que le système des Nations Unies prenne ses responsabilités afin que ses nombreuses composantes remplissent leurs obligations de défendre les droits de l'homme.

Les organismes humanitaires et politiques dans le système des Nations Unies se tournent souvent vers le Haut-commissariat pour être le « méchant flic » qui critique publiquement ceux qui violent les droits de l'homme, échappant ainsi la pression qu'ils subiraient s'ils en parlaient eux-mêmes. Bien sûr, le nouveau Haut Commissaire doit parler, mais il doit aussi s'assurer que ses collègues des autres organes de l’ONU ne s’en tirent pas si facilement. L'ensemble de l'ONU est censé défendre les droits de l'homme – et le travail n'a pas été très bien fait dans ce domaine.

La défense des droits de l'homme sur le terrain est un outil puissant, constamment sous-estimé par les responsables de l'ONU. Le personnel des droits de l'homme de l'ONU sur le terrain dans plus de 50 zones peut parvenir à une véritable protection des personnes souffrant de violation de ces droits, même dans les pays où, de Genève ou New York, la situation peut sembler désespérée (en fait, l'impact de la protection sur le terrain est particulièrement important dans les pays où les progrès ne se font pas au niveau international.). La plupart du temps, ceux qui sont engagés dans les discussions internationales ne sont pas au courant de cette action de protection sur le terrain, où le personnel de l'ONU est en contact quotidien avec les autorités locales, les groupes armés et la société civile pour faire bouger les choses. Progressivement, à chaque avancée, il y a du changement.

ryc_8.jpg

Julien Harneis/Flickr (Some rights reserved)

UN peacekeepers in the Democratic Republic of the Congo.


Lorsque la présence du personnel des droits de l'homme sur le terrain fait bouger les choses de manière constante, cela augmente leur crédibilité, ce qui renforce la diplomatie de haut niveau des chefs-de-missions et des alliés des droits de l'homme à New York, Genève et dans d'autres centres de pouvoir.

Malheureusement, ni le Haut-commissariat, ni l'ONU dans son ensemble n'ont fait l'investissement opérationnel nécessaire pour tirer parti de ce potentiel pour la protection des droits de l'homme sur le terrain. La perception stéréotypée et obsolète que l'aide ou le déploiement de soldats de la paix sont opérationnels, mais que la défense des droits de l'homme ne l'est pas persiste encore aujourd'hui. Mais la mise en œuvre du travail sur les droits de l'homme sur le terrain est un défi opérationnel massif : il nécessite un déploiement important de personnel, des véhicules, des hélicoptères, des radios, des interprètes, des experts en sécurité et un réseau d'antennes avec des moyens logistiques adéquats. Les membres du personnel des droits de l'homme ne sont pas seulement assis derrière un bureau : ils doivent être prêts à se rendre à tout moment dans un village pour enquêter sur une situation d'urgence, et le lendemain mettre un costume pour aller aborder ce sujet au plus haut niveau du gouvernement – ou avec leurs propres patrons. Ils ont besoin d’une formation continue dans l'analyse politique et la diplomatie flexible. Tout cela exige des investissements.

Même avec l'augmentation des ressources, le HCDH va devoir faire un bien meilleur travail dans de nombreux domaines de son intervention. Le nouveau Haut Commissaire devra être beaucoup plus exigeant que ses prédécesseurs avec son personnel. L'insuffisance de la présence sur le terrain du HCDH diminue sa crédibilité aux yeux de plus grands organismes établis sur le terrain. Son approche souvent trop légaliste des débats de protection inter institutions lui ont souvent valu la réputation d'être peu coopératif. Son investissement excessif en personnel à Genève, au détriment du terrain, affaiblit sa crédibilité.

Il y a des forces puissantes qui résistent au rôle renforcé du Haut-commissariat sur le terrain. Elles comprennent les États membres qui supportent mal l'ingérence internationale dans les droits de l'homme. Mais la résistance vient aussi de pressions budgétaires plus banales, exacerbées par le fait que même les alliés apparents du HCDH parmi les États membres ne comprennent pas suffisamment le potentiel de son travail sur le terrain, de sorte qu'ils ne le défendent pas correctement.

Une présence plus importante et mieux appuyée des agents des droits de l'homme sur le terrain est urgente et essentielle, mais ce n'est certainement pas suffisant. Le Haut Commissaire doit aussi être une voix claire qui insiste pour que l'ensemble des Nations Unies remplissent leurs obligations en matière de défense des droits de l'homme beaucoup plus sérieusement. Bien que le Haut-commissariat doive nécessairement parler de façon énergique, il ne doit pas simplement accepter le rôle de « méchant flic ». La présence sur le terrain des acteurs humanitaires et des soldats de la paix dépasse de loin celle des défenseurs des droits de l'homme. Ces institutions ont bien trop souvent éludé leurs responsabilités en matière de défense des droits de l'homme, en restant silencieuses devant des expressions creuses comme « intégrer les droits de l'homme ». Intégrer ne signifie pas que d'autres organes de l'ONU se débarrassent aussi facilement de leurs engagements en matière de droits de l'homme. Cela signifie que, comme le Haut-commissariat, ils sont censés être d'ardents défenseurs efficaces pour la protection des droits des personnes.

En Décembre 2013 à Genève, lors d'une Consultation sur la protection des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a été sous le feu des critiques pour la mauvaise performance de son équipe des Nations Unies au Sri Lanka, et de l'échec dramatique de la défense des droits de l'homme par le HCR lui-même, censé être le chef de file de la protection des droits de l'homme dans le pays. Mais plutôt que de promettre tout changement, le Haut Commissaire pour les réfugiés, Antonio Gutierres, a fait valoir que le HCR allait simplement développer un partenariat plus actif avec le HCDH afin que le Haut-commissariat puisse exercer la pression nécessaire et que le HCR puisse s'en tenir à des tâches d'assistance plus « opérationnelles ».

La défense des droits de l'homme sur le terrain est un outil puissant, constamment sous-estimé par les responsables de l'ONU

Aucun haut fonctionnaire des Nations Unies ne devrait pouvoir ignorer ou tourner le dos aux demandes concernant des besoins urgents de protection. Le nouveau Haut-commissaire aux droits de l'homme doit assumer la responsabilité désagréable de tenir les agences et les fonctionnaires de l'ONU plus responsables à cet égard. En substance, c'est le « Rights Up Front » – la nouvelle stratégie annoncée par le Secrétaire général de l'ONU. Tous les acteurs des Nations Unies ont une responsabilité plus grande dans les droits de l'homme et le Haut Commissaire aux droits de l'homme dans la surveillance de la façon dont elle doit s'exercer.

Même pendant que le HCDH met de l'ordre dans sa propre maison et élargit sa présence sur le terrain pour gagner plus efficacement ce rôle de leadership, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme peut agir maintenant pour s'assurer que ceux qui sont choisis pour les postes clés du pouvoir dans le système des Nations Unies ont l'expérience des droits de l'homme et l'engagement nécessaire. Son Bureau devrait avoir comme objectif d'exercer plus d'influence dans le choix par le Secrétaire général des représentants spéciaux de l'ONU et des coordonnateurs humanitaires, pour essayer de faire en sorte que ces postes cruciaux soient occupés par des personnes qui placent la protection des droits de l'homme parmi leurs priorités.

Un Haut-commissaire aux droits de l'homme ne peut pas faire son travail s'il est une voix solitaire sans alliés des Nations Unies, et tel est aussi le cas de ses représentants sur le terrain. Il n'y aurait pas besoin d'un « méchant flic » si le reste des acteurs clés du système travaillaient ensemble à la réalisation des engagements de l'ONU en matière de droits de l'homme, même si cela signifie s'engager dans une mission de plaidoyer qui ne sera pas toujours du goût des Etats membres de l’ONU.

imgupl_floating_none

Had enough of ‘alternative facts’? openDemocracy is different Join the conversation: get our weekly email

Comments

We encourage anyone to comment, please consult the oD commenting guidelines if you have any questions.
Audio available Bookmark Check Language Close Comments Download Facebook Link Email Newsletter Newsletter Play Print Share Twitter Youtube Search Instagram WhatsApp yourData